lundi 30 novembre 2009

MATTHIEU 21.1-9


1 ¶ Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent arrivés à Bethphagé, vers la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux disciples,
2 en leur disant : Allez au village qui est devant vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée, et un ânon avec elle ; détachez–les, et amenez–les–moi.
3 Si, quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez : Le Seigneur en a besoin. Et à l’instant il les laissera aller.
4 Or, ceci arriva afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par le prophète :
5 Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, Plein de douceur, et monté sur un âne, Sur un ânon, le petit d’une ânesse.
6 Les disciples allèrent, et firent ce que Jésus leur avait ordonné.
7 Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent sur eux leurs vêtements, et le firent asseoir dessus.
8 La plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements sur le chemin ; d’autres coupèrent des branches d’arbres, et en jonchèrent la route.
9 Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !





Chers frères et soeurs,
Non, ce n'est pas une erreur. Nous sommes bien le premier dimanche de l'Avent, et pas le dimanche des Rameaux. Pourtant, nous lisons bien aujourd'hui une partie du récit de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.
En fait, ce qui unit ces deux dimanches, c'est le thème de la venue du Seigneur avec cette phrase "Voici, ton roi vient à toi". Cette phrase je vous propose de l'étudier partie par partie.



Voici. La Bible en Français courant traduit "regarde". Elle a raison. "Regarde!", "fais attention". "Regarde"; ça vaut la peine de tourner les yexu vers ce qui est en train de se passer. Ce mot, ce tout petit mot réclame toute notre attention. Ce qui est en train de se passer est important, capital, ça concerne nos vies.
Mais les gens ne font pas attention. Ils ne se soucient même pas de regarder. Notre société se conduit envers Jésus comme ces gens qui, dans le métro de Paris, passent devant les musiciens qui quémandent quelque monnaie, sans même les voir ou les entendre. Il n'est de pire sourds que ceux qui ne veulent pas entendre et de pires aveugles que ceux qui ne veulent pas voir. Et puis, si on n'a pas envie d'écouter ce que nous disent nos parents, si on na rien à faire de ce que dit le prof ou le patron, on peut toujours le faire. Mais ici, c'est différent. C'est de Dieu dont il s'agit, pas de papa-maman, pas du prof de sciences nat', pas du boss, de Dieu! Regardons, écoutons, recevons ce qu'il nous apporte.


Voici, ton roi. Ton roi, nous avons déjà parlé de cela la semaine dernière n'est-ce pas? Les rois ne sont pas élus. La dignité royale ne se reçoit pas par le vote populaire mais par la naissance. De nos jours, le vote, la démocratie, la règle de la majorité sont devenus sacro-saints.
Mais n'oublions pas que l'Eglise est une Royauté. Nous n'avons pas élu Jésus. C'est le Père qui l'a choisi, de toute éternité. Voici ton Roi. Il règne, il dirige, sans s'inquiéter de savoir si cela plaît aux masses ou non. Nul n'est assez sage pour le conseiller:
"O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller?" Rom 11.33-34
Et ce Roi est NOTRE Roi. Mais ce n'est pas un roi qui, comme beaucoup d'autres dirigeants, gouvernent d'une main de fer, sans se soucier du bien-être de leur peuple. C'est un roi qui est venu nous purifier de nos péchés et porter leur condamnation à notre place. La couronne qu'il a portée était la couronne d'épines qu'on a placée sur sa tête avant de le mener au Calvaire. C'est là qu'il a vaincu le péché, notre péché. C'est là que notre roi a été brisé pour nos offenses et qu'il nous a revêtu de sa justice.



Voici, ton roi vient. Il vient. Le mot "Avent" vient du latin adventus qui signifie "venue".
Jésus est d'abord venu dans son incarnation, quand il est né à Noël, la fête à laquelle nous commençons à nous préparer. Mais Jésus vient aussi vers nous sur l'autel, dans le repas qu'il a institué et que nous allons bientôt partager. J'ai lu un article qui m'a choqué quand j'étais aux USA cet été. On y racontait qu'arrivé à Washington après son élection, Barak Obama s'est mis à chercher une église dont il deviendrait membre avec sa famille. Un dimanche, il s'est rendu dans une paroisse épiscopalienne (anglicane). On y célébrait l'eucharistie. Et savez-vous ce qui s'est passé? Des gens qui s'avançaient vers la Table Sainte s'arrêtaient pour prendre des photos et des vidéos de la famille présidentielle avec leurs téléphones portables.
Frères et sœurs, si j'avais été pasteur de cette paroisse, j'aurai interdit à ces gens de communier. D'une part parce qu'ils venaient de rompre l'ordre liturgique de l'Eglise et surtout parce qu'ils venaient de montrer qu'ils étaient incapables de discerner le corps et le sang de Christ. Il y a beaucoup plus dans le pain et le vin consacrés que le Président des USA ou que tous les dirigeants mondiaux réunis! Il y a Jésus-Christ, le roi des rois, le seigneur des seigneurs! Son règne à lui n'aura jamais de fin, contrairement à celui d'Obama, de Sarkozy, de Poutine ou des autres!
Et ce Roi tout-puissant, il vient vers nous, il se donne dans le pain et le vin, il lave nos péchés dans le baptême, il nous fait entendre les paroles de la vie éternelle dans la Bible! Dans la Parole et les Sacrements, Jésus vient vers nous pour nous servir, pour nous sauver. C'est pour cela qu'il est venu.
Le Fils de l'Homme est venu pour servir et non pour être servi. Ce service, l'acceptez-vous, ou allez-vous dire que vous n'en avez pas besoin? Allez-vous être comme Pierre qui a refusé, dans ce qui lui semblait être pourtant un grand élan de piété, que son Seigneur lui lave les pieds. Ce que Jésus voulait lui faire comprendre, et à nous aussi, c'est que nous devons absolument abandonner tout espoir en nous-mêmes et recevoir par la foi le salut qui nous est donné gratuitement. Nous n'avons pas à chercher à établir notre propre justice par nos œuvres, nous n'avons pas à monter vers Dieu. C'est lui qui vient vers nous en son Fils qui a pris chair humaine, qui vient vers nous dans la Parole et les Sacrements. C'est toujours, toujours Dieu qui vient vers nous. C'est cela, l'Avent.


Voici, ton roi vient à toi. A toi. A chacun d'entre nous. Il n'est pas près de nous, il est avec nous. Pas seulement le dimanche matin de 10h30 à 11h30 au temple de Prailles, Deux-Sèvres. Il est avec nous, il est avec toi tous les jours de ta vie. Il est avec nous dans les bons jours et les mauvais. Il est avec nous à chaque fois que nous sommes confrontés au choix de le confesser comme notre Seigneur ou de le renier devant les hommes. Il est avec nous quand nous établissons et que nous faisons le choix ou non d'être égoïstes et de préférer nos plaisirs mondains à la charité. Il est avec nous quand nous nous laissons entraîner par certaines conversations et que nous lançons une plaisanterie indécente. Il est avec nous quand nous avons besoin de lui, quand nous nous sentons condamnés et que nous devons nous rappeler d'où nous vient la seule espérance qui ne nous trompera jamais.
Voilà pourquoi nous avons fait de ce tout petit temple notre maison spirituelle, où nous venons être servis par le Seigneur. Jésus est présent et actif. Il est présent et actif là où sa Parole est confessée et enseignée droitement. Il est présent dans le foyer chrétien où la Bible tient la place d'honneur. Regardez! Faites attention! Jésus notre roi nous gouverne en nous purifiant de notre péché. Il règne sur nous en nous donnant sa Parole et les sacrements. Il demeure avec nous en nous donnant son Saint-Esprit. Et, comme le dit Paul, nous nous revêtons de Christ, nous nous couvrons de sa justice, et nous attendons son retour, quand il reviendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts. Prions pour qu'il nous trouve fidèles lors de son avènement.
Amen.

lundi 23 novembre 2009

JEAN 18.33-37 (Christ Roi)



Le Christ Roi
(Monastery Icons)


33 Pilate rentra dans le prétoire, appela Jésus et lui dit : Es–tu le roi des Juifs ?
34 Jésus répondit : Est–ce de toi–même que tu dis cela, ou d’autres te l’ont–ils dit de moi ?
35 Pilate répondit : Moi, suis–je donc Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as–tu fait ?
36 Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi, afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant, mon royaume n’est pas d’ici–bas.
37 Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis : je suis roi. Voici pourquoi je suis né et voici pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.





Chers frères et sœurs,

Je voudrais vous souhaiter une bonne fin d'année. Et oui, c'est aujourd'hui le dernier dimanche de l'année ecclésiastique, qui est traditionnellement consacré à une réflexion sur la royauté de Christ. Je crois que pour nous, baptisés de ce début de 21ème siècle, ce thème revêt une importance très grande. Le Christ est Roi. Mais qu'est-ce que cela veut dire? Notre première lecture tirée du livre de Daniel, nous montre le peuple de Dieu soumis à une terrible oppression, croyant qu'elle ne prendra jamais fin. La vision de Daniel leur montre que Dieu, "l'Ancien des Jours" règne, et que leurs souffrances prendront fin. Le Royaume de Dieu est éternel et rien ne pourra la faire disparaître. Le message de Daniel est un message d'espoir, qui dit aux croyants que Dieu ne les abandonnera jamais. Ce sont ces paroles qui leur ont permis de faire face à leur épreuve.
Ce thème, nous le retrouvons dans notre deuxième lecture tirée de l'Apocalypse: que la grâce et la paix vous soient données de la part de celui qui est, qui était et qui vient! Encore une fois, Dieu règne. Avant que le temps ait existé et même lorsque le temps ne sera plus, Dieu règne! Cela aussi nous donne l'espoir: même au cœur de nos inquiétudes, il n'y a pas un seul moment, une seule minute de nos vies qui ne soient pas sous le contrôle du Seigneur. Il prend soin de nous, il guide nos pas sur le chemin de la paix. Nous pouvons faire face au futur, même s'il est incertain, avec confiance. Nous pouvons placer notre confiance, et même nos vies entières, entre les mains de celui qui contrôle le passé, le présent et le futur.

L'Evangile enfin nous fait mieux comprendre la royauté de Christ. Qu'y voyons-nous? Jésus, qui vient d'être arrêté, abandonné par tous ses proches, condamné par le tribunal religieux des Juifs et qui vient d'être remis au gouverneur romain Pilate pour être interrogé. Parlez-moi d'un roi!
C'est Jésus lui-même qui clarifie tout lorsqu'il dit "mon royaume n'est pas de ce monde…mon royaume n'est pas d'ici-bas". Comme s'il disait "tu vois, Pilate, tu te trompes complètement. Tu cherches en moi un agitateur politique, le prétendant à un trône terrestre. Tu fais totalement fausse route". Et cela, bien sûr, Pilate ne peut pas le comprendre. Il n'a été amené dans cette histoire que parce que les Juifs ne peuvent mettre personne à mort et que son autorisation est nécessaire. La seule chose qui intéresse Pilate, c'est le maintien de l'ordre dans sa colonie, rien de plus. Les histoires de roi des Juifs, il n'en a que faire! Surtout si on lui parle d'un royaume spirituel!

Et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit. Jésus n'est pas venu sur terre pour, comme l'espéraient beaucoup de ses compatriotes, chasser les Romains et restaurer le trône de David. Non, ce que Jésus a fait, c'est de créer un royaume spirituel, et ce royaume spirituel, nous Chrétiens en faisons partie, nous en sommes les sujets, et Jésus est notre roi.
Tous les dimanches au culte et j'espère, tous les jours dans notre prière personnelle, nous prions "que ton règne vienne". C'est je crois un de nos grands défis en tant que croyants à l'heure actuelle: demeurer aptes à reconnaître les signes annonciateurs du Royaume de Dieu qui s'avance.
Un jour, Jésus a dit "le Royaume de Dieu ne vient pas de façon à frapper les regards" (Lc 17.20). Les nations rivalisent sur le plan économique et militaire. Les défilés militaires permettent d'étaler la force de ses missiles; dans les expositions internationales, les stands des entreprises d'un pays permettent à celui-ci d'étaler sa capacité d'innovation… Mais le Royaume de Dieu avance petitement, presque caché. Comme Jésus l'a dit "le royaume de Dieu est au milieu de vous", c'est-à-dire dans nos cœurs.

Et les saisons de l'année liturgique nous aident en fait à nous recentrer sur ce qui devrait être le plus important dans nos vies: qui Dieu est, ce qu'il veut accomplir et notre appel en tant que baptisés dans ce monde. Chaque saison va nous donner une image différente de Jésus. Chaque saison va nous montrer un autre visage de Jésus-Christ, notre Roi.
Durant la saison de l'Avent, nous nous préparons à la venue de Christ. Les lectures parlent d'abord de Dieu prenant forme humaine, et nous nous préparons pour la venue du nouveau-né dans l'étable. Mais les lectures de l'Avent parlent aussi de la seconde venue de Christ. Il reviendra à la fin des temps, dans sa gloire, pour le jugement. Ces passages de l'Ecriture nous aident à mieux nous préparer à rencontrer le Seigneur. Cette certitude que Jésus va revenir pour juger les vivants et les morts est une incitation puissante à rejeter la voie de mort qu'ont choisie nos sociétés et à vivre la vie nouvelle donnée en Christ. En Ephésiens 5 Paul dit "sachez le bien; aucun impudique, ou impur, ou cupide, c'est-à-dire, idolâtre, n'a d'héritage dans le royaume de Christ et de Dieu". Quand on voit notre société, avec sa passion débridée pour l'argent vue comme valeur ultime et sa tolérance (promotion?) pour les inconduites sexuelles les plus choquantes, on se rend compte à quel point notre royaume, celui de Christ est en guerre contre un autre!
Veillons, comme nous l'avons vu la semaine dernière! Veillons pleins d'espérance, car l'Avent pointe aussi naturellement vers Noël, cette fête de la promesse tenue: Dieu nous a donnés un sauveur!
La saison de Noël est courte, mais elle nous permet de nous rappeler pourquoi Jésus est venu parmi nous: il est venu nous racheter de notre péché et du châtiment que nous méritons tous. Peut-être aurons-nous une crèche dans le temple, auquel cas, elle sera surmontée de la croix. C'est bien ainsi. Il n'y a pas de croix sans mangeoire, car il a fallu que le Fils se fasse homme pour nous sauver, il n'y a pas de mangeoire sans croix car le but de l'incarnation de Jésus a été d'assurer notre salut.

La saison de l'Epiphanie est marquée par l'histoire des mages qui viennent voir Jésus en suivant une étoile. Ils recherchent un espoir, un sauveur, un roi. La lumière tient un grand rôle durant cette saison. Elle nous permet de remercier Jésus pour la lumière qu'il fait briller dans les plus noires de nos ténèbres. Durant l'Epiphanie, nous parlons beaucoup de la présence de Dieu avec nous. Nous sommes amenés à comprendre que l'homme naturel demeure dans les ténèbres mais que Jésus donne la lumière. Il nous permet de nous détourner du péché et de vivre dans l'espérance, malgré les pressions du monde sur nous. La saison de l'Epiphanie se termine avec la fête de la Transfiguration où nous voyons aussi Jésus , revêtu de lumière, révéler sa puissance et sa mission. Il est vainqueur du péché, de la mort et du diable. Tournons-nous vers la lumière de Christ!

Viendra ensuite le Carême. On a trop insisté sur les privations physiques durant cette saison. C'est en fait un temps de méditation, de réflexion et de changement. L'Eglise ancienne utilisait ses 40 jours pour préparer les candidats au baptême. Ce temps d'étude permettait au jeune croyant de méditer sur un autre aspect de Jésus: l'Agneau immolé, le serviteur souffrant. Durant le Carême nous est décrite la route de Jésus vers la Croix et les défis auxquels il a dû faire face. Cela nous rappelle aussi que Jésus marche avec nous quand nous avons à porter nos propres croix. Le Carême est un temps de repentance, un temps pour changer de direction, pour réorienter nos vies vers un service de Dieu centré sur l'amour et la reconnaissance.
La Semaine Sainte est en fait peu célébrée chez nous. Dans notre usage liturgique local, nous ne célébrons que le Vendredi Saint. En ce jour, nous pouvons nous souvenir que "ce n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez hérité de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache" (1 Pierre 1.19).

Pâques; c'est la grande surprise que Dieu fait à son peuple. Jésus n'est pas resté dans la tombe, et nous n'y resterons pas non plus! En voyant l'émerveillement et la joie des disciples, nous sommes invités nous aussi à entrer dans une nouvelle dimension: au cœur de nos vies quotidiennes, quelles sont les résurrections que Dieu veut amener? Cette bonne nouvelle de la victoire sur la mort, comment la partager avec d'autres?
Vient ensuite la fête de la Pentecôte, l'anniversaire de la fondation de l'Eglise, lorsque l'Esprit Saint a été répandu sur les croyants, marquant ainsi l'entrée dans la Nouvelle Alliance. L'Eglise, oui, l'Eglise. Combien il est regrettable qu'un certain individualisme ai réduit son importance à nos yeux. Pourtant, si Jésus a choisi de la bâtir, c'est bien qu'il devait avoir une raison. Alors que les dernières traces de Christianisme sociologique disparaissent de nos pays, il est fondamental que nous nous souvenions que nul ne peut avoir Dieu pour Père s'il n'a l'Eglise comme mère. Dans l'Evangile d'aujourd'hui, Jésus dit "quiconque est de la vérité écoute ma voix". Mais qui, dans le plan de Dieu, doit annoncer la vérité? L'Eglise. Auprès de qui les âmes chargées peuvent-elles recevoir la Parole et les Sacrements que Dieu à créés pour nous? L'Eglise. Ou se trouve l'arche au sein de laquelle Dieu amène tous ses rachetés pour qu'ils puissent bénéficier du soutien de la communion fraternelle? Dans l'Eglise. Alors frères, si nous disons que nous aimons Dieu, aimons aussi l'Eglise: l'un ne va pas sans l'autre. Soutenons notre paroisse par notre présence au culte, par nos dons, par l'amour apporté aux frères et reçus d'eux!
C'est avec eux que nous pourrons, durant la saison de la Trinité, nous mettre à l'écoute de l'enseignement de Jésus, recevoir ses paroles de vérité et de vie. Le Père nous a créés, le Fils nous a rachetés, le Saint Esprit nous a sanctifiés: nous pouvons vivre dans l'amour et de l'amour!

Ainsi, les saisons de l'année ecclésiastique qui s'ouvre devant nous nous montreront, chacune à sa façon, comment Jésus est notre Roi. Elles nous disent combien l'amour et la compassion de Dieu sont grands pour nous. Elles nous disent que Dieu est fidèle. Elles nous apportent le message de Jésus-Christ et nous invitent à le partager avec les multitudes.
Dans toutes les saisons de l'année liturgique, dans toutes les saisons de nos vies, Dieu est avec nous et pour nous. Voilà comment Christ est Roi. Rendons-lui gloire.

dimanche 15 novembre 2009

Esaïe 54, 6-14

6 ¶ L’Eternel te rappelle comme un époux rappelle la femme abandonnée, à l’esprit accablé, la compagne de la jeunesse qu’il aurait répudiée. C’est ce que déclare ton Dieu.
7 Pour un petit moment, je t’ai abandonnée, mais avec beaucoup de tendresse je vais te rassembler.
8 Dans le déchaînement de mon indignation, je t’ai caché ma face pour un petit instant, mais dans mon amour éternel, j’ai de la tendresse pour toi. C’est là ce que déclare ton libérateur, l’Eternel.
9 Car il en est pour moi comme au temps de Noé. J’avais juré alors que les eaux du déluge ne submergeraient plus la terre. De même, je fais le serment de ne plus m’irriter à ton encontre, et de ne plus t’adresser de reproches.
10 Même si les montagnes se mettaient à bouger, même si les collines venaient à chanceler, mon amour envers toi ne bougera jamais ; mon alliance de paix ne chancellera pas, déclare l’Eternel, rempli de tendresse pour toi.
11 ¶ O cité malheureuse, battue par la tempête, privée de réconfort : dans un mortier de jaspe, j’enchâsserai tes pierres et je te fonderai sur des saphirs.
12 Je sertirai tes tours de créneaux en rubis, je te ferai des portes en pierres d’escarboucle et je t’entourerai d’un rempart de pierres précieuses.
13 Tous tes enfants seront instruits par l’Eternel et la paix de tes fils sera très grande.
14 Tu seras affermie par la justice, à l’abri de toute oppression ; tu n’auras rien à craindre, car la terreur sera bannie et elle ne t’atteindra plus.





Frères et sœurs, nous voici arrivés aux trois derniers dimanches de l’Année ecclésiastique. Lectures, prières, cantiques élèvent nos regards vers la fin du monde, le retour du Christ et le Jugement dernier.
Tout le monde sait cela ! Voyez les affiches des cinémas ! On en précise même la date : c’est pour 2012 ; dans trois ans donc… Ce sera pour beaucoup un jour effroyable, - d’angoisse, de larmes et de pleurs. Le croyant, lui, attend ces événements avec impatience comme le jour de sa délivrance. Toute la Bible nous invite à regarder la fin du monde avec confiance. C’est le cas de ce passage, dans lequel Dieu parle à Israël. Il lui parle comme à une épouse et lui dit : Je t’aime et Tu seras très belle !



I
Ecoutons le Seigneur, par la bouche de son prophète : « L’Eternel t’a rappelée comme une femme abandonnée, à l’esprit abattu ; comme une femme des jeunes années qu’on a rejetée, dit ton Dieu. Pendant un court moment, je t’avais abandonnée, mais c’est avec une grande compassion que je t’accueillerai ».
Frères et sœurs, Israël ressemble à une épouse infidèle qui est rentrée au foyer – c’est la femme du boulanger, chez Pagnol. Alors Dieu lui pardonne et lui promet de l’aimer à nouveau d’un amour parfait. Qu’est-ce qu’elle avait à se faire pardonner ?
Israël avait suivi des dieux païens comme on prend un amant. Son infidélité était devenue si grande que son époux l’avait livrée à ses ennemis pour être déportée. Jérusalem, le temple et la nation entière avaient été détruits.
A Babylone pourtant, le peuple se repent. Et Dieu passe l’éponge. Il l’« accueille avec une grande affection » et lui déclare qu’il l’aime « d’un amour éternel ».
Messieurs, vous trouvez également, j’en suis sûr, de belles formules pour dire votre amour à votre femme ; je pense par exemple à ces médailles sur lesquelles on peut lire : « Je t’aime plus qu’hier et moins que demain. » C’est beau ! La formule exprime l’intention d’aimer sa femme chaque jour davantage.
Mais vous remarquerez que c’est aussi l’aveu d’un amour imparfait, puisqu’il est plus grand qu’hier mais aussi moins grand que demain ! Sans parler qu’il y a souvent loin de la médaille au cœur et que la belle promesse peut être aussi une parole sans lendemain.
L’amour de Dieu est différent. Lui aussi trouve de belles formules pour déclarer son amour : « Quand les montagnes s’éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera point de toi, et mon alliance de paix ne chancellera point, dit l’Eternel qui a compassion de toi ».


Bien sûr, on a creusé un tunnel sous le Mont-Blanc et percé d’autoroutes la plupart des massifs européens, mais quoi de plus imposant et difficile à déplacer qu’une montagne ? Montagnes et collines semblent bien éternelles.
Pourtant, je lisais dans la presse cette semaine que le Mont-Blanc a perdu 45cm en deux ans, et que les neiges éternelles du Kilimandjaro ne seront bientôt plus qu’un souvenir ! Au Dernier Jour, Pierre dit que collines et montagnes disparaîtront dans le feu ; mais je vous rassure : rien ne parviendra jamais à faire fondre l’amour de Dieu !
L’amour de Dieu est plus élevé que le Kilimandjaro, il ne subit pas les effets du dérèglement climatique ; l’amour de Dieu dure à toujours. C’est cette hauteur, cette permanence de l’amour de Dieu qu’exprime aussi ce célèbre verset : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ; tandis que Jean exprime sa perfection de la manière suivante : Dieu est amour.
Mais quel est cet amour qui présente tout de même quelques failles ? Dieu ne vient-il pas d’admettre : « Pendant un court moment, je t’avais abandonnée … Dans un débordement de colère, je m’étais un instant caché à toi ? » Dieu a même l’air de s’excuser et d’exprimer ses regrets !
Esaïe revient ici sur l’exil en terre étrangère. Le Seigneur a été contraint d’infliger à sa bien-aimée une sanction exemplaire. Peut-on qualifier cela de manque d’amour ? Sa justice et sa sainteté l’exigeaient ; et Israël en avait bien besoin, car sans ce châtiment, elle ne se serait pas repentie.
On relèvera à la décharge du mari trompé toutes les manifestations d’une grande patience. Malgré des infidélités répétées, Dieu n’a pas cessé d’aimer.
Il l’a montré en multipliant les prophètes et les déclarations d’amour enflammées. Les avertissements aussi, pour appeler sa promise à la repentance… Aucune indifférence donc, rien qu’un attachement obstiné à son alliance. Et maintenant qu’elle est revenue, Dieu lui redit ces paroles qui font tellement de bien : « Je t’aime ! »


Des paroles d’amour font toujours du bien. Surtout quand c’est Dieu qui les prononce. Quand il dit : ‘Je t’aime’, il faut traduire : ‘Je veillerai sur toi comme un mari attentionné ; je te protègerai de tes ennemis, je te comblerai de mes bénédictions, je te consolerai’.
Chers amis, j’espère que vous avez tous l’occasion d’entendre ces mots si doux : ‘Je t’aime’ ! Elles font tellement de bien quand elles viennent de notre conjoint, d’un ou d’une fiancée, de nos parents ou de nos enfants, ou même d’un ami. Paroles trop rares en vérité, parce qu’elles demandent d’avoir la simplicité d’exprimer ses sentiments, de se lâcher un peu dans sa pudeur, ou tout simplement parce que l’amour n’est pas toujours ce qu’il devrait être… Alors une déclaration de Dieu : avouez qu’il y a de quoi être retourné !
Mais au fait : que nous apporte l’amour du Seigneur ?
Quelqu’un a dit un jour : l’amour n’existe pas s’il n’y a pas de preuve d’amour. Comment ce passage de l’Ancien-Testament a-t-il trouvé son accomplissement ? Paul écrit : « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rm6, 8). Et Jean, dans son Evangile, rapporte ces mots du Seigneur Jésus : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis » ! « Je vous appelle ainsi – déclare Jésus - parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jn 15, 13) Le Messie annoncé par les prophètes est venu en la personne de Jésus : c’est lui qui purifie son peuple de ses péchés par l’offrande de sa vie sur la croix. Non pas que les hommes méritaient cela, mais par pure grâce : il brise la malédiction entrée dans le monde avec Adam. Comme c’était annoncé également, la mort n’a pas pu le retenir et, le troisième jour, il est ressuscité pour remplir toute chose et régner sur son Eglise. Quelle constance dans une promesse !
Ensuite, cet amour nous apporte la sérénité : quand la terre tremble sous nos pieds et que le sol se dérobe – quand surviennent la maladie, les problèmes familiaux, les déceptions professionnelles – nous avons l’amour de Dieu qui se traduit par une aide constante et efficace.
Rappelez-vous : « Quand les montagnes s’éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera point de toi ». Car le diable profite de ce genre d’occasions pour nous dire : ‘Tu vois bien que ton Dieu ne t’aime plus. Il en a assez de tes péchés ; tu n’as que ce que tu mérites’ ! Gare à ce menteur ! Dieu nous aime toujours autant, mais il permet parfois que notre foi soit éprouvée. Il veut nous apprendre à nous rapprocher davantage de lui. Il dit que « la détresse produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance » ! (Rm 5, 4)
Que nous apporte encore l’amour de Dieu ?
Nous avons dit en introduction qu’un drame était imminent, même si ce n’est pas pour 2012. La Bible nous avertit : quand les signes de la fin paraîtront dans le ciel, quand le soleil et la lune commenceront à s’obscurcir, quand réellement les montagnes s’écrouleront et que les collines chancelleront, que des raz-de-marée et des ouragans dévasteront définitivement la terre, il règnera une panique indescriptible dans le monde. A quoi nous accrocherons-nous en ce jour-là ?
A notre certitude d’être aimé de Dieu ! Dans son amour, Christ nous sauvera. « A plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère » écrit Paul aux Romains (5, 9).
Vous entendrez le Seigneur vous dire : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde.
Je t’aime, dit Dieu à l’Israël des croyants. Il lui dit aussi : je te rendrai belle !



II
A l’époque du prophète, le peuple de Dieu s’incarnait en sa capitale : Jérusalem. Or, la ville sainte est complètement ruinée : plus une maison intacte ; que des demeures calcinées ! Le temple lui-même est éventré ; les remparts ont été renversés ; des ronces ont tout envahi. C’est la conséquence d’une catastrophe survenue 6 siècles avant notre ère. Quel drame pour le peuple ! Quelle honte pour la cité de David, anéantie, rasée, abandonnée !
Mais Dieu lui promet : ‘Je te reconstruirai ; je te ferai belle’. Et il est vrai qu’historiquement, Jérusalem s’est relevée de ses ruines de par la volonté de Dieu. Cependant, la Jérusalem qui nous est décrite ici est tellement belle, construite avec un matériau si précieux, elle est si éclatante et si lumineuse qu’il ne peut pas s’agir d’une ville de ce monde : c’est l’image de la Jérusalem spirituelle et céleste, c'est-à-dire de l’Eglise chrétienne.


Voici quelques détails qui ne manqueront pas d’intéresser les architectes et les maçons : « Je garnirai tes pierres d’antimoine » déclare le Seigneur : la nouvelle Jérusalem va avoir des murs magnifiques. L’antimoine était un cosmétique noir dont les femmes se servaient pour cerner leurs yeux, pour les embellir et en souligner les contours. Il est donc possible que l’allusion à l’antimoine soit une référence à un ciment ou à un joint coloré destiné à mettre les pierres en valeur. « Je te donnerai des fondements de saphir » dit encore le Seigneur : la base des murs sera donc plus bleue que le ciel. « Je ferai tes créneaux de rubis » : l’enceinte sera donc rehaussée d’un rouge éclatant, peut-être pour rappeler le sang de son salut. « Je ferai tes portes d'escarboucles » : l’escarboucle est également une pierre précieuse, d’un rouge foncé. « Et de toutes parts, il y aura des pierres précieuses » dit Dieu.
La Jérusalem céleste sera donc construite avec des matériaux qui évoquent à la fois l’éternité et une valeur extrêmement élevée. On a déjà du mal à se représenter le prix d’une parure de diamants (et l’on dit bien que les diamants sont éternels !), alors essayez d’imaginer une ville tout en pierres précieuses, magnifique, colorée, étincelante, une ville totalement lumineuse !
Cette ville ne sera pas l’œuvre des hommes : Dieu en sera le constructeur : « JE te donnerai … », « JE ferai … », dit-il. Aucune construction humaine ne lui ressemble…
Saint Jean se souviendra de la description d’Esaïe. Dans l’Apocalypse, il écrit : « Un des anges … me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. Son éclat était semblable à celui d’une pierre précieuse, d’une pierre de jaspe transparente comme du cristal ... La muraille était construite en jaspe et la ville était d’or pur, semblable à du verre pur ».
Cette nouvelle cité n’est pas seulement très belle : elle est aussi un refuge absolu. Personne ne pourra plus brutaliser ses habitants, aucun ennemi ne pourra s’en emparer. Ses remparts sont imprenables, ses créneaux inaccessibles. Les murs et leurs fondations sont impénétrables, comme le diamant.



Voilà pourquoi Dieu peut dire au croyant : Bannis l’inquiétude, car tu n’as rien à craindre. Oublie ta peur, laisse-la dehors, à l’extérieur !
Cette ville splendide, c’est l’Eglise chrétienne qui réunit tous les croyants.
Dans l’Epître de Paul aux Ephésiens, elle apparaît sous les traits de l’épouse du Christ, mais y on retrouve les mêmes allusions à la sainteté, à la pureté et à la beauté : « Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle – écrit Paul -afin de la sanctifier par la parole, après l’avoir purifiée par le baptême d’eau, afin de faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable ».
Et tandis qu’Esaïe annonçait les fondations en saphir, Paul explique : Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la pierre angulaire. Voilà pourquoi Jésus peut dire de l’Eglise que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle : l’enfer et tous les diables réunis ne pourront pas renverser l’Eglise, la nouvelle Jérusalem. Car c’est Dieu lui-même, en la personne de son Fils, qui l’a construite. Elle repose sur la Parole qu’ont annoncée les prophètes, les apôtres et les évangélistes. Elle porte les couleurs du sang que le Christ a versé sur la croix. Voici pourquoi nous en sommes déjà des résidents, par la foi.
Que ces paroles de Dieu à Israël – ‘Je t’aime’ et ‘Je te rendrai belle’ – bannissent toute crainte de nos cœurs dans l’attente des choses de la fin ; qu’elles créent en nous une joyeuse impatience d’entrer un jour dans la cité céleste. Amen !


Claude Ludwig, Eglise Luthérienne du Christ, Mulhouse

lundi 9 novembre 2009

Conférence à Niort




Conférence Obama, un calviniste à la Maison-Blanche?
par Thomas Constantini au temple réformé de Niort,
le 14 novembre à 20h30.
Les liens entre B. Obama et Calvin sont ténus mais révélateurs d'une part souvent insoupçonnée de l'héritage du Réformateur français. S'interroger sur ce qui unit Obama et Calvin, c'est réfléchir sur l'origine de nos sociétés modernes et sur leurs fondements chrétiens.
Cordiale invitation à tous!

dimanche 8 novembre 2009

Marc 12.38-44

38 Jésus disait, dans son enseignement : Gardez–vous des scribes ; ils aiment se promener avec de longues robes, être salués sur les places publiques,
39 avoir les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les dîners ;40 ils dévorent les maisons des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières. Ils recevront un jugement particulièrement sévère.
41 ¶ S’étant assis en face du Trésor, il regardait comment la foule y mettait de la monnaie de bronze. Nombre de riches mettaient beaucoup.
42 Vint aussi une pauvre veuve qui mit deux leptes valant un quadrant.
43 Alors il appela ses disciples et leur dit : Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis quelque chose dans le Trésor ;
44 car tous ont mis de leur abondance, mais elle, elle a mis, de son manque, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.


Chers frères et sœurs,

Les textes de l'Ancien Testament et de l'Evangile de ce dimanche nous montrent deux histoires assez parallèles. Les histoires de deux veuves, les histoires de deux dons.
J'ai remarqué qu'un certain nombre de mes collègues pasteurs font de ce dimanche où nous lisons ces deux passages un "culte d'offrandes". Je sais bien que nous approchons de la fin de l'année fiscale, je sais bien que trop des trésoriers s'inquiètent en ce moment, je sais bien que trop nombreux sont ceux qui ont "oublié" d'envoyer la moindre cotisation, mais prendre cette direction, c'est prendre de grands risques.
Le premier d'entre eux est de ne lire l'histoire de la pauvre veuve qui donne ses deux uniques piécettes de monnaie dans le tronc du Temple que de manière anecdotique et d'en faire, par l'exemple, l'illustration d'une morale générale: "le pauvre sait se montrer plus généreux que le riche".
Cela n'est pas faux, bien sûr…et peut être souvent constaté par l'expérience… mais est-ce bien là le cœur de ce que Jésus cherche à nous faire comprendre? D'ailleurs, il ne s'agit pas ici d'opposer la générosité de la gentille pauvre veuve à l'avarice des méchants riches. Marc dit bien que "les riches mettaient beaucoup", pas de souci de ce côté-là!
Un second risque serait aussi de nous culpabiliser, car quelle que soit la somme que nous donnons, nous restons tous des riches qui donnent de leur superflu, nous qui avons la chance de vivre dans un pays où l'on mange à sa faim, dans un pays où nous pouvons être soignés à un prix qui reste dérisoire par rapport à ce qui existe ailleurs! Nous devons être conscients de cela, mais si nous en restons là, nous risquons de quitter ce temple comme le jeune homme riche après sa rencontre avec Jésus, qui s'éloigna tout triste, car il n'arrivait pas à se détacher de ses biens… Nous avons alors entendu la Loi, et seulement elle. Et ce qui importe, c'est d'arriver à entendre l'Evangile dans le texte de ce matin.

Regardons bien notre texte et demandons-nous: qui Jésus prend-il en contre-exemple du geste de la veuve? Ce ne sont pas les riches en tant que tels, ce sont les scribes! Notre texte commence en effet de manière surprenante par cet avertissement à ses disciples : "méfiez-vous des scribes, qui aiment à sortir en robes solennelles et aiment les salutations sur les places publiques"...Et juste après, Jésus commente l'acte de la pauvre veuve. Nous ne sommes donc pas dans le domaine de la morale (voire du moralisme) mais dans celui de la religion, de notre relation avec le Père. Jésus critique les dignitaires religieux de son temps qui, selon lui, pervertissent ce qui est l'essence de la religion et il voit en la veuve la vraie attitude de l'être humain devant Dieu.

Cet épisode s'inscrit d'ailleurs dans le contexte beaucoup plus vaste du combat que Jésus mène après son entrée à Jérusalem contre la religion formaliste et desséchée du Temple et ceux qui en sont les piliers: les prêtres, les scribes, les anciens. C'est dans ce contexte que Jésus chasse les marchands du Temple, qu'il maudit un figuier qui ne porte pas de fruits et qui est pour lui, en fait, le symbole de la religion stérile d'Israël, incapable de nourrir qui que ce soit. Et, après notre texte, Jésus annonce la destruction du Temple et de tout son système religieux vermoulu, juste avant que ne commence le récit de la Passion, où il va être livré pour nous.

On ne peut douter qu'en regardant qu'en contemplant le geste de cette femme qui, donne tout ce qu'elle a en jetant ces deux piécettes dans le tronc, Jésus pense aussi à son propre destin, à sa vie de pauvre qui va être entièrement donnée, sans réserves, sans calculs, en offrande pour la vie du monde. Comme cette pauvre veuve, Jésus va devoir aussi tout donner, pour qu'en son corps meurtri le vrai Temple se manifeste, le lieu où la rencontre entre l'homme et Dieu pourra se produire… non plus dans ce temple fait de main d'hommes que les hommes religieux ont perverti en en faisant un instrument de marchandage avec Dieu, mais son corps offert entièrement au Golgotha et ressuscité par le Père au matin de Pâques, qui nous ouvre à la religion de la gratuité absolue, de l'Amour inconditionnel, de la Grâce! Une mort non pas inutile, ni stérile, mais qui produit des fruits pour tous ceux qui entrent dans ce mystère.

Vous voyez, frères et sœurs, il y a bien plus ici qu'un appel à mettre plus dans la collecte! Notre texte nous pose une question: quelle religion vivons-nous? Est-ce cette religion des scribes pour laquelle Jésus a des paroles si dures? Une religion dont nous nous servons pour acquérir des privilèges pour nous-mêmes et exercer un pouvoir sur autrui, une religion qu'on pourrait qualifier de "mondaine" et d'exhibitionniste, lorsque nous cherchons les "salutations" et "les premières places", une piété hypocrite et peut-être même criminelle, puisqu'elle "dévore les biens des veuves", au lieu de les protéger . Une religion donc où nous utilisons notre statut d'homme ou de femme d'Eglise pour notre propre profit (pas tellement financier sans doute, mais aussi de prestige, de vanité, de soif de pouvoir) au détriment des plus faibles. Ou vivons-nous la religion de la veuve indigente, une religion du don de soi total, une religion sans marchandage avec Dieu, sans calcul, religion d'une vie simplement offerte à Dieu et aux autres. Ce que le geste de la pauvre veuve nous montre, et que Jésus nous donne en modèle, c'est une religion qui n'est dictée ni par l'intérêt, ni par la peur, ni par l'attente d'une quelconque récompense, mais par l'amour seul.

Gardons-nous bien en entendant ce texte de penser "ah lui, il est bien comme les scribes. Et puis quand on sait ce qu'il a sur son compte en banque, il pourrait donner plus!". Non, il ne s'agit pas ici de juger autrui, mais au contraire de rentrer en nous-mêmes, de faire notre propre examen de conscience et de nous convertir chaque jour afin de ressembler toujours plus à Jésus-Christ. En chacun de nous, il y a cette forme de religion pervertie par notre égoïsme fondamental, où nous plaçons notre "ego", notre "moi religieux" au centre et où nous transformons les plus nobles réalités de la foi et de la piété pour notre propre gloire… et il y a aussi une autre forme de religion qui cherche sincèrement la gloire de Dieu et où nous nous oublions nous-mêmes dans des gestes d'amour pour autrui sans en chercher de bénéfices… Jésus, dans ce texte, nous invite à laisser croître en nous cette dimension de gratuité, d'ouverture à l'autre, de don de nous-mêmes parce que nous avons reçu le don de Dieu.

Car notre foi, frères et sœurs, est centrée sur le don. Il y a d'abord, et avant tout, le don (grâce, charis en grec) que Dieu nous fait de son Fils afin que nous soyons libérés. Et nous aussi, en tant que Chrétiens, nous sommes appelés au don. Le don financier, certes, mais ce n'est qu'un aspect parmi bien d'autres. Mais vous rendez-vous compte qu'en venant au culte, vous donnez? Vous donnez votre présence et l'encouragement qu'elle apporte à toute la communauté. Vous donnez votre prière pour les peines de vos frères et du monde. Vous donnez, pour les parents du catéchisme, la possibilité à vos enfants de découvrir leur Sauveur et d'avoir les bases d'une vie vraiment heureuse.
Peut-être cela vous paraît bien peu, dérisoire peut-être. Peut-être vous dites vous que vous n'avez pas grand-chose à offrir.Ce serait oublier autre chose que nous apprennent nos textes. Car, dans les deux cas, nous voyons Dieu approuver et utiliser le don de deux veuves, c'est-dire-dire, des personnes parmi les plus faibles, les plus insignifiantes de cette époque. Cela fait écho à l'histoire de ce jeune garçon (encore un moins que rien) qui a donné les cinq pains et les deux poissons dont Jésus s'est servi pour nourrir 5000 hommes. Le texte grec dit que la veuve a "pris de son manque pour donner toute sa vie". Vous avez l'impression de n'avoir rien à donner? Regardez à cette veuve qui n'a que des manques: manque d'argent, mais aussi manque de force, de dignité…et qui arrive à faire de ces manques accumulés (0+0+0, ça donne toujours 0) l'occasion d'un don total d'elle-même. Ce à quoi Jésus nous invite aujourd'hui, c'est à reconnaître que c'est là où nous nous sentons les plus démunis, les plus incapables, les plus pauvres, que nous pouvons rencontrer l'autre. Alors nous comprendrons ces paroles de Paul "c'est quand je suis faible que je suis fort" et nous suivrons les pas de Jésus-Christ:
"Vous connaissez la grâce de Jésus Christ: lui qui était riche, il s'est fait pauvre pour nous, afin de nous enrichir par sa pauvreté".

lundi 2 novembre 2009

Apocalypse 21.1-6



la Toussaint n'est pas tant le "jour des morts" que la fête de la communion des saints





1 ¶ Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’existait plus.
2 Je vis la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, descendre du ciel, d’auprès de Dieu, belle comme une mariée qui s’est parée pour son époux.
3 Et j’entendis une forte voix, venant du trône, qui disait : Voici la Tente de Dieu avec les hommes. Il habitera avec eux ; ils seront ses peuples et lui, Dieu avec eux, sera leur Dieu.
4 Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni souffrance. Car ce qui était autrefois a définitivement disparu.
5 Alors celui qui siège sur le trône déclara : –– Voici : je renouvelle toutes choses. Il ajouta : –– Ecris que ces paroles sont vraies et entièrement dignes de confiance.
6 Puis il me dit : –– C’en est fait ! Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et le but. A celui qui a soif, je donnerai, moi, à boire gratuitement à la source d’où coule l’eau de la vie.





Chers frères et sœurs,

C'est aujourd'hui la Toussaint. Comme je l'ai fait la semaine dernière avec la fête de la Réformation, je vais devoir expliquer, préciser, le sens de ce que nous célébrons aujourd'hui.
Il m'est déjà arrivé lorsque des amis non-protestants m'ont accompagné au culte d'entendre après coup une remarque du type: "j'ai été surpris, car quand vous avez récité le Credo, vous avez dit 'je crois en la communion des saints'. Je croyais que les protestants ne croyaient pas aux saints?"
Et, de fait, je ne suis pas sûr que tous les membres de nos églises soient au clair sur le sens précis à donner à cette formule. Pourtant, elle fait bel et bien partie du Credo, de l'affirmation de notre foi et ce dimanche est pour nous l'occasion de clarifier les choses.
Nous ne croyons pas aux saints dans la mesure où nous ne croyons pas qu'un groupe de Chrétiens éminents décédés puissent nous accorder les faveurs du Père par leurs prières. Nous n'avons pas besoin de ça, car nous savons qu'il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ.


Alors quel sens donner à ce dimanche de la Toussaint? Je crois qu'il a trois axes:
-nous souvenir des Chrétiens illustres qui nous ont précédés afin de pouvoir nous inspirer de leurs vies.
-nous souvenir de ceux qui nous ont quittés, particulièrement les membres de notre paroisse.
-nous souvenir, et c'est sans doute le plus important, du fait que tous les Chrétiens sont véritablement saints, que l'Eglise est composée de ceux qui ont été justifiés et sanctifiés par Jésus-Christ.

Nous vivons dans une société hyper-individualiste, où les gens ont été coupés de leurs racines et de leur mémoire, où ils n'arrivent plus à concevoir qu'ils ne sont qu'un maillon d'une très longue chaîne. Et bien, spirituellement, il est important de nous remémorer qu'il y a des saints qui nous ont précédés dans le peuple de Dieu.
Prenez par exemple David, qui a écrit de si émouvants Psaumes. Et bien, David était un adultère et un meurtrier. Prenez Pierre, dont le nom évoque la solidité du roc. Et pourtant, il était tout sauf solide dans sa foi au Seigneur jusqu'à ce que la résurrection l'illumine. Même après, d'ailleurs, nous le voyons hésitant à condamner les pratiques judaïsantes. Ce n'est pas qu'il était très différent des autres disciples, qui, comme lui, abandonnèrent le Seigneur. Prenez Paul, qui était un persécuteur de l'Eglise, jusqu'à ce que le Seigneur se révèle à lui et en fasse son serviteur.
En fait, ce qui frappe quand nous lisons la Bible, c'est qu'elle ne cache rien des faiblesses, des échecs et des reniements de ceux qui font partie de la grande nuée de témoins. Ils n'étaient pas parfaits, c'étaient des hommes et des femmes avec leurs propres luttes dans la foi, et cela peut nous encourager de voir que de ce point de vue là, ils n'étaient pas différents de nous. Ils étaient des pécheurs comme nous.

C'est la puissance de Dieu qui a agi dans leur vie et qui leur a permis de devenir des témoins de la grâce active en eux.

C'est aussi vrai du deuxième aspect de la Toussaint, celui où nous nous souvenons de nos frères et sœurs en Christ qui nous ont quittés. C'est la tradition dans certaines églises luthériennes de réciter lors des cultes de Toussaint les noms des membres de la paroisse décédés dans l'année. Quand nous pensons à l'histoire de notre paroisse, il est normal que le visage et les noms de ceux qui l'ont composée nous reviennent en mémoire. Certains d'entre eux ont pu jouer un grand rôle dans la vie de notre communauté ou même dans notre propre vie. A présent, ils sont auprès de la gloire du Père et nous le louons pour le service qu'il leur a permis d'avoir le temps de leur séjour sur terre.

Vient enfin le troisième et dernier aspect de la fête de la Toussaint, celui qui nous fait contempler le fait que nous aussi, nous sommes des saints.
Est-ce que ça vous paraît présomptueux de dire ça? Peut-être, mais seulement si l'on accepte la définition du dictionnaire: "personne qui, dans la religion catholique (et les orthodoxes?) est après sa mort l'objet d'un culte public et universel en raison du très haut degré de perfection chrétienne qu'elle a atteint durant sa vie".
Le problème est que cette définition de la sainteté n'est pas biblique. Heureusement d'ailleurs, car, à titre personnel, je n'oserais sans doute pas dire que j'ai atteint un "très haut degré de perfection chrétienne'' (ma femme est là pour vous dire le contraire…). Ce que je sais en revanche, c'est que tous ceux qui croient en Jésus-Christ sont saints, parce qu'ils sont sanctifiés par le Seigneur.
L'Eglise, dit la Confession d'Augsbourg, est "l'assemblée des saints et de ceux qui croient en la vérité". C'est une définition un peu redondante, car tous ceux qui croient en la vérité, c'est-à-dire que Christ est leur Sauveur, sont sanctifiés. Dans le Nouveau Testament, les croyants sont appelés saints (Ac 20.32; 1 Co 1.2, 6.12; Jude 1). Nous sommes en effet au bénéfice de ce que l'on appelle la sanctification positionnelle:
"Et c’est en vertu de cette volonté (de Dieu) que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus–Christ, une fois pour toutes." dit l'auteur de la lettre aux Hébreux (10.10, 1 Co 1.30). Cela veut dire que les croyants ont été purifiés par le sang de Christ et qu'ils se trouvent dans une nouvelle relation avec Dieu. De ce point de vue, la sainteté n'est pas tant une chose à atteindre qu'un état qui nous a déjà été donné.
Mais il y aussi une dimension progressive à notre sanctification. Après avoir passé trois ans avec ses disciples, Jésus a demandé au Père "sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité". Il est ici question de croissance, de ressembler chaque jour de plus en plus à Jésus, et cela se fait par l'action de la Parole en nous, comme le dit Luther dans le Grand Catéchisme. Quelqu'un a dit un jour que les chrétiens sont comme les crocodiles, qui n'arrêtent pas de grandir toute leur vie durant!
Car, tant que nous sommes sur cette terre, notre croissance ne sera jamais achevée. 1 Jean 3.2 dit "mes bien-aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsqu'il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu'il est".
Notre sanctification est donc à la fois passée, présente et future. Et elle vient de Dieu! Elle est grâce, comme notre justification! C'est là le grand danger de ceux qui affirment bien que la justification est gratuite mais que la sanctification relève de nos efforts! Il n'en est pas ainsi, et nous pouvons louer le Seigneur de nous avoir, par son Fils, amenés dans la communion des saints!